VINGT-CINQUIEME DIMANCHE ORDINAIRE (C)

Publié le par Théophile Baye

Évangile de Jésus Christ selon saint Luc 16, 1-13 

 

Des gérants qui gaspillent

 

 

 

Je suis, vous êtes, nous sommes tous des gérants, et des gérants qui gaspillent. Nous sommes des gérants : il ne faut pas croire que nous sommes maîtres et propriétaires absolus de ce que nous possédons. C’est contraire à toute la pensée de la Bible , à la pensée du Christ surtout. C’est contraire à la première page de la Bible , où Dieu confie à l’homme une gérance, la gérance, la gestion de la terre, et de tous les biens, de toutes les richesses de la terre. Nous ne sommes pas des propriétaires absolus. Ni de notre maison (nous n’avons pas le droit d’y mettre le feu), ni de notre auto (nous n’avons pas le droit de la jeter volontairement contre un platane). Je dois des comptes. C’est ce que le Christ appelle dans ce passage d’évangile des « biens étrangers », c’est-à-dire qui ne nous appartiennent pas d’une façon exclusive.

 

 

 

Je suis, nous sommes des gérants qui gaspillons. C’est une banalité de le dire de nos jours. J’ai une vieille auto : elle se délabre. C’est normal, allez-vous me dire. Elle n’est pas faite pour durer. Vous, mesdames, si vous avez une machine à laver qui a treize ans et qui tombe en panne, allez chercher une pièce de rechange ! Le vendeur vous dira, comme si c’était une évidence, qu’il y a longtemps qu’on ne fabrique plus ce modèle. C’est fait pour être changé ! Il y a ainsi quantité de produits que nous gaspillons, depuis les « emballages perdus » jusqu’aux rasoirs jetables. Nous vivons dans une société de gaspillage et nous en prenons les habitudes. Regardez comment nous gaspillons la nourriture. Je pense, en disant cela, à un paroissien qui relevait les poubelles dans les blocs et qui était constamment scandalisé en voyant tout ce qu’on jetait : non seulement du pain, mais des poulets entiers ! C’est également une banalité de dire qu’avec les poubelles de New-York, on nourrirait une ville comme Paris ; et avec les poubelles de Paris, on pourrait nourrir, parait-il, tout un Etat de l’Inde. On gaspille. Les enfants aussi gaspillent. Je voyais dernièrement une maman qui me disait, parlant de son fils : « C’est incroyable ! Je lui ai acheté des feutres neufs à la rentrée, il n’y en a déjà plus ! » Chaque année, on est obligé de racheter du neuf à la rentrée.

 

 

 

On vous demandera des comptes

 

 

 

Or, voilà que le Christ nous dit aujourd’hui : « Attention ! Aujourd’hui vous gaspillez : un jour on vous demandera des comptes ». Cette parole, cet appel, nous l’entendrons... ou peut-être l’avons-nous déjà entendu. A l’occasion d’une maladie ou d’une épreuve quelconque. C’est la vieillesse, ou une situation d’insécurité : il y a un appel. Alors, on se met à réfléchir et à se dire : « Que se passe-t-il ? Tout ce que je possède, quel usage en fais-je ? Est-ce que je m’en considère comme le propriétaire absolu, ou au contraire comme un gérant. Mon auto, ma maison, ma cave, tout... à quoi ça me sert ?

 

 

 

Nous avons un délai, pour mettre en ordre nos affaires. Jésus nous dit : « Soyez aussi astucieux que le gérant malhonnête de mon histoire. Faites vite. Faites vite et bien ». Il faut donc, aujourd’hui, nous interroger sur notre aptitude à nous considérer comme de bons gestionnaires de nos biens. De notre argent d’abord. Qu’est-ce que l’argent ? Du travail transformé. Fruit de votre travail ? Oui, mais pour une part seulement. Je cite souvent la traduction de la Bible de Jérusalem, à propos du « Mammon d’iniquité ». Le traducteur a écrit : « Le malhonnête argent », et il a ajouté en note : « Le vôtre, évidemment. Car à l’origine de presque toutes les fortunes, il y a quelque malhonnêteté ».

 

 

 

A quoi ça sert ?

 

 

 

Nous le savons, au moins confusément. Notre richesse, à nous, gens des pays industrialisés, a dépendu longtemps de l’exploitation des pays pauvres, ne serait-ce que pour la fixation des cours des matières premières. En ce sens-là, on peut dire que nous nous sommes enrichis en appauvrissant d’autres peuples. Voyez comment, aujourd’hui, l’économisme (c’est-à-dire la dimension énorme prise par l’argent parmi toutes les valeurs du monde), tient une place incroyable, et d’abord dans l’information. Chacun s’intéresse au cours du dollar. Autrefois, il n’en était pas ainsi. Bref, il est nécessaire de nous reposer la question : «  Tout ce que je possède, à quoi ça sert ? » Cela pour servir, effectivement, à opprimer, à dominer, à me couper des autres. Une forme de la gestion de la richesse aboutit à créer un plus grand fossé entre les riches et les pauvres. Ou alors, si nous suivons le conseil du Christ, l’argent peut nous servir, non plus à nous couper, mais à entrer en relation avec les autres.

 

 

 

Bon gestionnaire ou profiteur ?

 

 

 

Quel usage faisons-nous de ce que nous possédons ? Des questions très simples se posent à chacun de nous. Mon auto, me sert-elle uniquement à moi, ou sert-elle à rendre service aux autres, y compris aux auto-stoppeurs ? Et ma maison ? Est-elle uniquement un refuge, une forteresse, ou une maison accueillante ? Notre communauté paroissiale, est-elle suffisamment consciente, dans la gestion des biens matériels, qu’elle se doit d’être gestionnaire, et non pas propriétaire absolue des biens paroissiaux ? Ah, si on pouvait, dans notre monde, réapprendre le sens de l’argent comme moyen d’entrer en relation avec les frères. Comme moyen de faire une terre plus heureuse, un monde plus habitable. Voilà quelques réflexions. A vous de continuer votre réflexion personnelle et de vous laisser interroger par le Christ, dans cette histoire de l’intendant malhonnête. Bon gestionnaire ? Ou profiteur ?

 

Père Théo. BAYE !

 

 

 

 

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