LE 7e Dimanche ordinaire B

Publié le par Théophile Baye


il n’y avait plus de place, même devant la porte..


Évangile de Jésus Christ selon saint Marc 2, 1-12.
 


   Paralysie

 

Pouvez-vous vous imaginer, un jour, vous aussi, paralysé ? Cela arrive, souvent, brutalement. Et nous voilà cloué sur un lit, incapable du moindre geste, totalement dépendant. Dépendant du corps médical, dépendant de votre entourage, peut-être. Incapable même, peut-être, de parler, de communiquer, de dire ce que vous ressentez. A la merci des autres. Heureux paralysé de l’évangile de Marc, qui est porté au Christ par quatre gars astucieux ! Ils vont trouver le moyen de contourner l’obstacle représenté par la foule. La maison (sans doute celle de Simon-Pierre et d’André) est un simple logis, avec un toit en terrasse et un escalier extérieur qui permet d’y monter. Les amis, ou les parents du paralysé ne s’encombrent pas de convenances. Rien ne les arrête. Les voilà qui hissent le malheureux sur le toit, et qui crèvent ce toit en torchis et en feuillage. Imaginez ces gens dans la maison qui recevaient les gravats sur la tête ! Imaginez le brancard qui descend, tenu par des cordes, et la tête des assistants ! Et Jésus ? Eh bien, nous dit l’Évangile, « Jésus voit leur foi. »

 

Crever le toit

            La foi, c’est crever le toit. C’est tenter l’impossible. C’est créer ce qui n’existe pas encore, ce qui est invraisemblable. C’est provoquer Jésus à l’impossible. Et Jésus va relever le défi. Lui aussi va crever un toit, plus épais que celui de la maison. Il va pénétrer dans cet homme paralysé, incapable de la moindre démarche, du moindre geste, et lui dire une parole inouïe : « Tes péchés sont enlevés ! ». Jésus a vu, non seulement la foi des porteurs, mais le mal de l’homme qui gît devant lui. Le mal premier de cet infirme, ce n’est pas d’être immobilisé par la maladie corporelle, c’est d’être cloué par son mal intérieur, son péché. Nulle part il n’est question de la foi du paralysé. Cela ne signifie pas qu’il ne croie pas en Jésus, mais sa foi personnelle n’entre pas en ligne de compte. Cet homme est comme assumé, pris en charge totalement, pour la foi comme pour son infirmité. D’où ma première remarque : aux heures où notre foi défaille (cela doit bien nous arriver parfois, non ?), nous pouvons compter sur la foi de nos frères, proches ou lointains. Sur la foi de l’Église. Nous aussi, nous sommes portés, même si nous n’en avons pas conscience. Cela s’appelle la « communion des saints ».

 

Le malheur de l'homme
 

            « Mon fils, tes péchés sont enlevés ! ». Parole inouïe de Jésus : il se prend pour Dieu, pensent les scribes. Ils n’ont pas tort. Seul Dieu peut dire « mon fils » à ce malade. Seul Dieu peut pardonner les péchés. Et effectivement, Jésus affirme indirectement sa divinité, ce que les scribes ne sont pas prêts à accepter. C’est Dieu seul qui pardonne. Donc, c’est facile de dire « tes péchés sont pardonnés ». Personne ne peut le vérifier. Mais pour Jésus – pour Dieu – le mal, la maladie, la paralysie et le péché sont d’un seul tenant. Il n’y a pas d’un côté le corps et de l’autre l’âme. Tout cela, c’est le malheur de l’homme. C’est pourquoi, après avoir déclaré que les péchés de l’homme lui sont pardonnés (par Dieu), Jésus ordonne au malade de se lever et de prendre son brancard. Le Christ vient guérir et sauver l’homme tout entier. Et nous affirmons « la résurrection de la chair ». Ah, si nous avions autant de soucis pour notre cœur que pour notre corps ! On parle beaucoup de maladies psychosomatiques. Mais seules, ou presque, les infirmités corporelles sont l’objet de tous nos soins. « Moi, je n’ai pas de péchés ! » Que de fois n’avons-nous pas pensé cela ? Pourtant, à chaque célébration eucharistique, on commence en nous disant : « Reconnaissons que nous sommes pécheurs ». Paroles verbales, comme disait l’autre ?

 

Une célébration pénitentielle

 

            Nous avons tous, un jour ou l'autre, participé à une célébration pénitentielle. Eh bien, l'évangile de ce jour nous raconte la première célébration pénitentielle de l'histoire du Christianisme : d'abord, une foule assemblée pour l'écoute de la Parole de Dieu. Les gens sont venus d'abord pour cela : entendre Jésus. Il va y avoir ensuite l'expression originale de la foi des "porteurs". Pas besoin d'accusation personnelle des péchés : n'est-ce pas merveilleux de penser qu'avant tout geste de "contrition" du paralysé, Jésus lui déclare que ses péchés sont enlevés ? Son amour nous précédera toujours. "C'est par grâce que nous sommes sauvés".

            J’imagine le brave homme prenant son brancard sur ses épaules et traversant la foule pour rentrer chez lui. Il me fait penser à Jésus, portant sa croix sur ses épaules, traversant la foule pour « sortir » hors de la ville et être supplicié sur le Golgotha. Allusion, sous la plume de Marc ? Sans doute. Car c’est par sa mort et son « relèvement » que Jésus nous délivre définitivement du péché. Crever le toit, crever la muraille qui paralyse le corps et le cœur des hommes, crever le béton des préjugés d’une société, pour appeler l’impossible, voilà ce qui se passe avec Jésus. Il y a vingt siècles... Et aujourd’hui ?

Père Théo. BAYE !

 

 

 

 

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