9e DIMANCHE DANS L’ANNÉE A

Publié le par Théophile Baye


Rassemblés autour de Jésus, sur la montagne

Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu  7, 21-27

 

Conclusion

 

Pour bien comprendre les propos de Jésus dans ce petit passage d’Évangile, il faut d’abord se rappeler qu’il s’agit de la conclusion du grand discours qu’il a adressé à ses disciples, un discours qui débute avec les Béatitudes et qu’on nomme couramment le Sermon sur la montagne. L’Évangile de Matthieu y consacre trois chapitres et le présente comme un discours inaugural, comme la Loi du Royaume que Jésus vient instaurer.

La Loi nouvelle

De quoi s’agit-il ? Essentiellement  d’une reprise de la Loi donnée à Moïse sur le Sinaï, telle qu’elle est résumée dans les dix commandements. Non pas pour l’abolir ni même y changer un seul mot, une seule lettre, mais pour la perfectionner et lui donner tout son sens et toute sa valeur. Ce que Jésus appelle « la volonté de son Père qui est aux cieux ». Jésus reprend une à une ces prescriptions divines. Relisez à tête reposée ces trois chapitres (de 5 à 7) de Matthieu : il y est question en premier lieu de violence, à propos du « Tu ne tueras pas » ; puis des comportements en matière sexuelle. Ensuite, il précise la manière d’être vrai : non seulement en ne cherchant pas à se venger, mais en pardonnant et en aimant même ses ennemis. Parmi les grandes prescriptions religieuses juives, il y avait également l’aumône, la prière et le jeûne. Là encore, Jésus apporte des mises au point essentielles. Chaque fois, ces précisions ont pour but de redonner sens et valeur aux prescriptions divines, en écartant tout formalisme, de façon à ce qu’elles deviennent des préceptes de vie. Plusieurs fois, Jésus s'exprime ainsi : "On vous a dit... Eh bien, moi, je vous dis..." C’est tout cela qu’il appelle la volonté de son Père : des consignes qui peuvent permettre aux hommes de mieux vivre et de trouver le bonheur, ce bonheur décrit dans les Béatitudes. C’est tout cela qu’il rappelle, qu’il prend à son compte. Désormais, il s’agit pour ses disciples – nous aujourd’hui – d’écouter ses propres paroles et de les mettre en pratique.

Intention droite

Encore faut-il ne pas se tromper de route et faire n’importe quoi, sous prétexte de faire la volonté de Dieu. Jésus se montre particulièrement sévère contre ceux qui sont des « déviants ». Et pourtant, voilà des gens qui chassent les démons et qui font des miracles en invoquant le nom de Dieu ! N’est-ce pas en cela que consiste la volonté divine ? Je me demande qui sont ceux qu’il condamne ainsi, de façon particulièrement dure : «Je ne vous ai jamais connus. Écartez-vous de moi, vous qui faites le mal ! » Mais après tout, il n’y a rien de mal à cela : chasser les démons, faire des miracles au nom de Jésus ? Peut-être est-ce dans l’intention, dans la motivation de ceux qui opèrent de tels actes, et non pas dans les actes eux-mêmes qu’il y a quelque chose de faussé. Peut-être Jésus condamne-t-il surtout, chez ces gens qu’il rejette durement, une recherche du sensationnel, du spectaculaire ?

En tout cas, ce qu’il demande à ses disciples – à nous aujourd’hui – c’est d’être simplement ceux qui, discrètement, écoutent ces paroles que Jésus nous dit et les mettent en pratique. Ceux-là peuvent dire « Seigneur, Seigneur », s’ils vivent en conformité avec la Loi de l’Évangile, telle que Jésus nous l’a précisée. Sont condamnés ceux qui se contentent de paroles et même de prières et ne conforment pas leurs actes à la volonté divine : c’est comme s’ils bâtissaient leur maison sur le sable.

Sur le rocher ou dans la poussière ?

Elle est très éclairante, l’image que prend Jésus en conclusion de tout son long discours sur la montagne : l’opposition entre ceux et celles qui bâtissent sur le roc et ceux qui bâtissent sur le sable. Longtemps, je me suis demandé si cette image n’avait pas quelque chose qui cloche. Car enfin, il ne viendrait à l’idée de personne de construire sa maison sur le sable, sans solides fondations. Bien sûr, les spécialistes de la Bible m’expliquent qu’autrefois il était courant de bâtir sans de solides assises, du moins au Moyen Orient. Mais je crois qu’il faut chercher plus profond pour bien comprendre ce que Jésus veut nous dire. Pour ses premiers auditeurs, quand il parlait du roc, immédiatement surgissait en leur esprit l’idée de Dieu. « Le Seigneur est mon rocher », répète 27 fois l’Ancien Testament. Bâtir sur le rocher, c’est fonder sa vie sur Dieu. Par contre, je me demande si Jésus, parlant de ceux qui construisent sur le sable, ne fait pas allusion à cette autre parole de l’Ancien Testament : « Souviens-toi, homme, que tu es poussière » ! Bâtir sur le sable, n’est-ce pas construire sa vie en ne tenant compte que de nos propres capacités humaines personnelles. Confiance en Dieu, mon rocher, ou confiance en moi, qui ne suis que poussière de sable ?

L’image va loin : elle s’applique aussi bien aux individus qu’aux sociétés. Jésus nous invite radicalement à mener notre vie de chrétiens en conformité avec sa Loi. Si nous le faisons, nous y gagnerons assurance et sécurité. Nous saurons où nous allons, quel est le sens de notre vie, quels en sont les enjeux. En un temps où beaucoup déplorent la « perte de sens » qui règne dans notre monde, il n’est pas inutile de le rappeler fortement. Il ne s’agit pas de se contenter d’invocations –« Seigneur, Seigneur » – mais il s’agit de fonder nos existences sur les préceptes divins, si exigeants soient-ils.

« Ma forteresse et mon roc, c’est toi ; Pour l’honneur de ton nom, tu me guides et me conduis… Le Seigneur veille sur les siens. Soyez forts, prenez courage, vous tous qui espérez le Seigneur. » (Psaume 30)

Père Théo. BAYE !

 

 

 

 

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article