L'ASCENSION DU SEIGNEUR (B)

Publié le par Théophile Baye

 

Évangile de Jésus Christ selon saint Marc 16, 15-20

Ascension ?

 

            Voilà une fête qui tombe en semaine et qui risque, de ce fait, de perdre de son importance, d’autant plus qu’elle permet à de nombreuses entreprises, à de multiples administrations, de s’octroyer un grand « pont ». Ce qui, vous en conviendrez, n’est pas propice à la réflexion sur la signification de l’événement. Or nous le proclamons chaque fois que nous disons le Credo, cet événement : Jésus « est ressuscité, est monté aux cieux, est assis à la droite de Dieu. » Encore faut-il bien comprendre ce dont il s’agit. Qu’est-ce que cela veut dire, pour nous aujourd’hui : Jésus est monté aux cieux ?

            Il ne s’agit pas, bien sûr, d’une ascension au sens habituel du terme, comme lorsqu’on parle de l’exploit d’un alpinisme. Nous le savons bien : l’expression « les cieux » est une manière propre au judaïsme antique pour désigner Dieu. Je préfère donc dire que Jésus a disparu aux regards de ses amis, après leur avoir donné ses dernières consignes.

 

Une présence

 

            Mais ce n’est pas parce qu’on ne peut plus le voir qu’il est absent. Ce sont les derniers mots qu’il prononce : « Je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin du monde. » Il faut donc nous demander quel est le mode de cette présence d’un être invisible. Et pour cela, faire appel à notre expérience. Peut-on avoir le sentiment de la présence de quelqu’un qu’on ne voit pas ? Certainement. Que de fois il m’est arrivé de rencontrer des personnes qui avaient perdu un être cher et qui vivaient avec cet être disparu une autre forme de présence. De même, on sait très bien qu’on peut vivre, avancer dans l’existence, progresser même grâce à une parole entendue un jour et qui nous a marqués pour le reste de nos jours. Ces formes diverses de présence ne sont pas illusoires. Qu’en est-il pour les témoins de l’Ascension ?

            Ils le disent : ce Jésus qui a marché à leurs côtés, qu’ils ont vu, entendu, touché, ils expérimentent sa présence sous une autre forme. Plus intime. Infiniment plus profonde et plus réelle que la précédente. Il était avec eux, et le voici qui, maintenant, est en eux. Au plus intime d’eux-mêmes. Certes, il l’avait promis. « Si quelqu’un m’aime, mon Père l’aimera, nous viendrons en lui, et nous ferons chez lui notre demeure. » Ils n’avaient pas bien compris, alors. Mais voici que c’est maintenant une réalité. C’est son « Esprit » qui les anime. Une animation pleine et entière : il parle et agit en eux, par eux. « Ce n’est plus moi qui vis, c’est le Christ qui vit en moi », écrit saint Paul.

 

Parabole, figure géométrique

 

            Saint Luc décrit cette expérience en un double mouvement spatial. Vertical : Jésus « monte aux cieux » s’élève et une nuée le cache aux regards des témoins. Horizontal : les mêmes témoins s’en vont annoncer la bonne nouvelle. Ils iront dans le monde entier. Jésus n’est plus visible, mais par leurs mains, leurs yeux, leurs lèvres, leurs pieds, leur cœur, il continue à aimer, à rencontrer et à sauver tous les hommes.

            L’Écriture nous décrit le destin du Christ sous la forme géométrique d’une parabole. En la personne de Jésus, Dieu descend, s'abaisse, au ras de la créature, s’abaisse encore au plus pauvre de la condition humaine : vivant en esclave et mourant de la condition d’esclave, sur une croix. C’est après avoir atteint ce niveau le plus bas qu’il va être élevé, passant de la mort à la vie, de la condition d’esclave à celle de Seigneur « devant qui tout genou fléchit, au ciel et sur la terre. » Quand nous disons que Jésus « est monté aux cieux, est assis à la droite de Dieu », nous disons la fin de la trajectoire, l’aboutissement de la « parabole ». L’achèvement de l’Incarnation. Et cela donne sens à notre destin de baptisés. « Dieu s’est fait homme pour que l’homme devienne Dieu », écrit saint Irénée. Assis à la droite de Dieu, avec tout son poids de chair et d’humanité, Jésus nous divinise. Il nous fait partager l’amour de Dieu. Et avec nous, tout l’univers est transfiguré, car nous sommes « poussières d’étoiles. » Saint Léon le Grand écrit que « l’Ascension du Christ est notre promotion. »

            Dans le Christ total, la tête est déjà en Dieu. Les membres, quant à eux, vous et moi, bénéficions déjà de cette gloire et de ce bonheur. L‘Ascension est la fête de l’espérance. Là où la tête est passée, le corps tout entier passera. Nous sommes tous envoyés en mission, chargés d’annoncer la Bonne Nouvelle : notre destinée, c’est l’éternité glorieuse des fils de Dieu, la réussite de l’humanité.

Père Théo. BAYE !

 

 

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