FETE DE TOUS LES SAINTS

Publié le par Théophile Baye

Une foule immense... 

Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu 5, 1-12

 

Un catalogue
 

L’Eglise catholique, depuis le début de son histoire, a publié un « catalogue » des saints. Dans ce catalogue, sont inscrits toutes celles et tous ceux dont la vie a été tellement exceptionnelle, tellement exemplaire que les autorités de l’Eglise les ont déclarés solennellement bienheureux ou saints. Ils sont ainsi quelques centaines dans vos calendriers, ceux qui ont été particulièrement remarqués, ceux et celles qui, également, ont marqué leur époque ou leur région. Ils ont été particulièrement « témoins » du Christ. Et d’ailleurs, au début du catalogue, il n’y avait d’inscrits que ces « témoins », en grec « martyrs ». Mais on peut être martyrs et donner sa vie, il faut le redire, non seulement en mourant pour témoigner sa foi, mais également en vivant dans l’amour et le don de soi. Mais enfin, ceux qui ont été ainsi répertoriés ne sont que quelques centaines. Et vous pensez bien que si la réussite de l’humanité se limitait à ces quelques centaines, on pourrait parler d’échec. En réalité, ils sont des millions, sans doute quelques milliards, celles et ceux qui méritent le titre de « saints ». Ce sont ceux-là que nous fêtons aujourd’hui. Bien plus nombreux que ceux qui ont été remarqués par l’Eglise. Et même si le Pape Jean-Paul a allongé considérablement la liste au cours de ses années de pontificat, c’est peu de chose par rapport à la foule innombrable dont nous fêtons aujourd’hui la réussite. Ils voient Dieu face à face, ils jouissent d’un bonheur littéralement inimaginable et, du moins je le crois, ils intercèdent pour nous.

 

Les justes

Les connaissons-nous ? Sans doute certains d’entre eux, parmi nos ancêtres, membres de nos familles, voisins, amis, anciens camarades de travail, hommes et femmes rencontrés au cours de notre propre vie, avec qui nous avons fait route, plus ou moins longtemps, au cours de notre cheminement terrestre. Sans doute, dans cette foule immense, des gens que nous n’aurions jamais imaginés voir arriver au terme de cette réussite. Nous ne pouvions pas imaginer qu’ils étaient des « saints », des « saintes », parce que nous ne pouvons pas lire dans le cœur des hommes. Seul Dieu connaît le cœur de tout homme. Car dans cette foule immense, il n’y a pas seulement des catholiques, ni seulement des chrétiens. Depuis le début de l’humanité, bien avant le christianisme, des hommes ont été des « justes », selon les lumières qu’ils avaient reçues. Alors ils ont servi leur Dieu loyalement selon leur conscience. Prenons très au sérieux la vision de saint Jean  dans l’Apocalypse : après avoir vu les cent quarante quatre mille élus, des douze tribus d’Israël, il a vu « une foule immense, que nul ne pouvait dénombrer, une foule de toutes nations, races, peuples et langues. » Donc, en premier lieu, il y a lieu de nous réjouir : l’histoire de l’humanité n’a pas abouti, jusqu’ici à un échec ou à une catastrophe : ça réussit.

Les chemins du bonheur

Nous avons donc, nous les vivants, nous les chrétiens de ce début de millénaire, à nous situer entre toutes ces races, nations et peuples, comme les héritiers du Message de bonheur. Nous appartenons à la race de ceux qui ont reçu ce message des Béatitudes  et qui sommes chargés de le transmettre à notre monde. Jésus trace pour nous les multiples chemins du bonheur possible, chemins que chacun de nous peut emprunter. Pas tous les chemins, mais l’un ou l’autre. L’un et l’autre. Selon  notre propre personnalité, selon les circonstances, selon notre ascendance, selon les lieux ou les époques où nous avons à vivre. Qui sont ces bienheureux ? Jésus nous dit que ce sont ceux qui ont un cœur de pauvres, les doux, ceux qui ont faim et soif de justice, ceux qui ouvrent leur cœur à la misère des autres, les cœurs purs, ceux qui font la paix ; en cela ils sont heureux, même s’il leur arrive de pleurer, même s’ils sont persécutés. Voilà l’énumération. Avouons qu’il est difficile de ne pas se retrouver dans au moins l’une ou l’autre de ces catégories, un jour ou l’autre. Vraiment, pour n'être pas sauvé, il faut choisir de ne pas l’être. Il faut pour cela refuser le bonheur offert.

 

Enfants de Dieu

L’origine de tout ce bonheur possible, de ce bonheur offert à chacun de nous ? L’apôtre Jean nous le dit dans sa première lettre : « Voyez comme il est grand, l’amour dont le Père nous a comblés. Il a voulu que nous soyons enfants de Dieu – et nous le sommes ! » Bien sûr, il précise immédiatement que ce statut d’enfant de Dieu, nous ne le possédons qu’en germe – « ce que nous serons ne paraît pas encore clairement » - et pourtant « dès maintenant nous sommes enfants de Dieu. » Allons donc au bout de cette révélation, jusqu’à ses conséquences les plus radicales. Quand Dieu engendre l’humanité, il ne crée pas des Juifs, des Chrétiens, des Musulmans. Il crée des hommes, tout simplement. « Tout ce qui vit est vie en lui, dans le Verbe », dit le prologue de son Evangile. Chrétiens, nous croyons que cette dignité commune à tous les hommes s’est manifestée dans le Christ. Ce qui nous est ainsi révélé, c’est que l’Amour est la vérité la plus intime de Dieu, et donc de tous ses enfants.

« Dieu seul est Saint » : c’est ce que déclare la Bible. Mais chacun de nous est invité à partager cette sainteté de notre Père, comme de vrais enfants imitent leur papa. Bref, quand nous célébrons « tous les saints », nous célébrons des hommes et des femmes de toute appartenance religieuse et même étrangers à toute religion. Quiconque s’ouvre aux autres pour les aider à vivre « fait corps » et entre dans la communion du corps entier. La vision de l’Apocalypse, qui trace une fresque gigantesque rappelant la lutte d’Egypte et le passage de la Mer Rouge, décrit l’entrée dans la Jérusalem céleste de cette foule immense. Cette foule chante pour toute l’éternité les louanges de Dieu. Quels que soient le temps, le lieu, le peuple d’où ils sont originaires, c’est le Sang de Jésus qui les a purifiés, au-delà de toutes les frontières et de toutes les différences. La sainteté est à la portée de tous.

Père Théo. BAYE !

 

 

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