SEPTIEME DIMANCHE DE PAQUES A

Publié le par Théophile Baye


"J'ai fait connaître ton nom"

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean 17, 1-11

Une bonne retraite !

Au matin de l'Ascension, avant de quitter ses amis, Jésus leur donne une dernière consigne : "Allez, annoncez la Bonne Nouvelle à Jérusalem, en Judée, en Samarie, et jusqu'au bout du monde." Or, que font les apôtres ? Ils vont s'enfermer dans la chambre haute, au Cénacle, là où ils avaient pris le dernier repas avec Jésus avant son arrestation. Il faut reconnaître qu'ils avaient besoin de cette retraite de dix jours dans l'attente de l'Esprit que Jésus leur avait promis. Ils en avaient besoin, pour se redire entre eux tous les faits et gestes du Christ. Ils en avaient besoin surtout, je crois, pour "digérer" ces paroles lourdes de sens : nous venons d'en entendre une partie, dans l'évangile d'aujourd'hui. Un extrait de son "testament". Je ne sais pas comment, ce matin, vous les avez reçues. Peut-être d'une oreille distraite, ou peut-être, cherchant à leur prêter attention, en vous disant que ce discours passait au-dessus de nos têtes. C'est évident : elles sont tellement chargées de sens qu'il faudrait du temps pour "déguster" chacune de ces phrases. En tout cas, je pense que c'est cela qu'ils ont fait, dans l'attente de l'Esprit Saint, jusqu'au jour de la Pentecôte. Et nous aussi, ce matin, nous sommes comme les apôtres. Et si nous prenons maintenant quelques minutes pour laisser entrer en nous l'une ou l'autre de ces paroles, ce n'est pas du temps perdu.

Dénigrer... ?

Nous allons simplement évoquer ce mot de Jésus, qui revient sans cesse dans ce passage : le mot "glorifier". Jésus demande à son Père de "le glorifier comme lui-même l'a glorifié." Qu'est-ce que cela veut dire ? Je crois que, dans l'esprit du Christ, le mot "glorifier", c'est le contraire de ce qu'on pourrait appeler le dénigrement. Dénigrer quelqu'un, c'est dire du mal de lui, d'une manière fausse, c'est le calomnier, pour lui faire du mal. Il y a eu dénigrement, au point de départ, dans l'histoire de l'humanité. C'est ce que raconte le chapitre 3 de la Genèse : l'histoire, la fable du serpent qui parle, de l'homme, de la femme, de l'arbre au milieu du jardin et du fruit qu'il est interdit de manger. Vous connaissez tous cette histoire. Elle nous dit quelque chose de très important : au début du monde, l'esprit du mal est entré dans l'esprit des hommes pour calomnier Dieu. Il leur a présenté Dieu comme celui qui est un Dieu jaloux, un Dieu pervers, qui ne veut pas le bonheur des hommes, qui veut les maintenir dans un certain infantilisme. Et le serpent offre la connaissance vraie de Dieu : il suffit pour cela de "manger du fruit défendu", c'est-à-dire se faire soi-même dieu.

Ou glorifier ?

Cette image de Dieu, nous l'avons tous dans nos têtes. Nous sommes tous l'homme et la femme de ce récit. Nous sommes marqués par cet esprit du mal. Et il nous arrive à nous aussi de dire Dieu, de penser Dieu comme un Dieu qui punit, qui surveille, un Dieu jaloux de la liberté de l'homme. Or Jésus vient pour, nous dit-il, "glorifier le Père", c'est-à-dire nous restituer la seule image vraie de Dieu. Il dit : c'est moi, la seule image de Dieu. Regardez-moi : j'ai glorifié le Père. Par ma vie et par ma mort, j'ai glorifié le Père. Dieu n'est pas celui que vous croyez. Dieu, c'est l'Amour. Et Dieu - cela va même jusque là - il "se tue" à vous dire qu'il est amour. Et c'est tout le sens de la Passion : Dieu qui se tue à montrer son amour en donnant sa vie.

Le temps du désir !

Le Christ ajoute : Mes disciples connaissent Dieu comme ils me connaissent. Réfléchissons un instant : nous sommes les disciples de Jésus. Quelle connaissance avons-nous du Dieu de Jésus-Christ à travers l'image qu'il nous en donne ? Certes, nous avons la connaissance que nous avons acquise au catéchisme. Cela ne va pas très loin, mais c'est important. Nous avons un autre moyen de connaissance : la lecture de l'Evangile. C'est vrai. Mais, vous le savez bien, il faut, pour connaître une personne, dépasser toute connaissance livresque. On n'apprend pas à connaître une personne à travers un livre. Au point de départ de la connaissance d'une personne, il y aura toujours un désir. le désir de la rencontrer, de la fréquenter. Si elle ne m'intéresse pas, je n'aurai pas le désir de la connaître. Ce sera mon voisin, mon camarade de classe, mais un inconnu pour moi. Pour apprendre à la connaître, il faut, au point de départ, le désir de l'autre. Et tout cela, vous comprenez, ne peut pas se faire par des livres. Cela ne peut même pas se faire par des sermons. La fréquentation d'une personne, c'est à longueur de vie qu'elle se fait plus vraie, plus profonde. Un homme et une femme qui s'aiment, c'est toute leur existence qu'ils apprennent à se découvrir. Eh bien, c'est comme cela avec Dieu. C'est tout au long de notre existence que nous allons le fréquenter, être proches de lui, à la messe chaque dimanche, par la communion, dans la prière. C'est là surtout, dans ce dialogue incessant entre Dieu et moi, que j'arriverai à entrer dans son intimité. Parce qu'il me parle. Je peux l'entendre et lui répondre. Lui parler de ma vie, de la vie du monde, confrontées à cette Parole qu'il m'adresse.

Des fréquentations.

Vous voyez dans quel sens je peux apprendre à le connaître. Et la connaissance que j'aurai de Dieu va se refléter dans ma vie. Parce que dans cette fréquentation va jouer un phénomène de mimétisme : je vais Lui ressembler. C'est frappant de voir comment des gens qui se sont fréquentés longtemps arrivent à se ressembler, même parfois physiquement. Celui qui aime épouse les manières d'être de l'autre, tant son admiration est grande pour cette personne. J'ai rencontré des jeunes qui avaient, inconsciemment, copié l'écriture d'un adulte qu'ils admiraient. De même, par notre fréquentation du Christ, nous en arriverons à ressembler au Dieu dont il est l'image visible. Tu ne peux pas dire que tu es son disciple si tu as de la haine pour quelqu'un. Tu ne peux pas dire que tu aimes le Christ si tu méprises les hommes. Tu ne peux pas dire que tu fréquentes le Dieu de Jésus-Christ si tu te venges, si tu ne sais pas pardonner.

Je le redis une fois de plus : nos contemporains n'ont pas d'autre manière de connaître Dieu que de regarder les chrétiens. C'était déjà le sens de la réflexion d'un des premiers Pères de l'Eglise, Irénée, évêque de Lyon, martyr au IIe siècle. C'est lui qui a écrit : "La gloire de Dieu, c'est l'homme vivant, et la vie de l'homme, c'est la gloire de Dieu." Frères, soyons la "gloire", c'est-à-dire la manifestation du Dieu d'Amour.

Père Théo. BAYE !

 

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